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manifeste

nicolas guillaume
et la désormerie
désormais
c’est rue des ormes
75099 pari
dans le 99ème arrondissement
du bourbonnais


Sur ce présupposé radical comme un coup de dés,
un glissement progressif des mots et des images
enlumine le papier d’encre.
Le papier est la chair de l’aimée,
l’encre le sang du poete.

Jaillit le portrait d’un homme,
Je,
présenté en ses divers autres,
saisi dans un accéléré de vie tant l’Espérance est violente.

Je est arbitrairement un homme parmi les autres,
choisi car seul disponible sous la main du poete,
élu car fou d’Hélé…

p27/28pas les seuls



pas les seuls

L'héléien en exil à vichy était jauressien et avait ses habitudes au "Merle moqueur". Le lieu était tenu par un vieil homo-fêtard aux portes de la retraite, le roi Jacques. Il venait d'opérer une étrange mutation : il accueillait les chiens, il acceptait que des enfants lui rendent visite et sa barbiche grise se faisait toute douce quand les petites filles le bisaient. Sinon, il disait que sa vie de garçon était finie.
L'héléien y retrouvait un pierrot, qui ayant trouvé sa colombine, la vit emportée par la maladie aux lendemains de leurs épousailles.

Il avait une petite qui de bébé, s'était faite petite fille. C'était une amie de sa colombine qui la lui avait donnée, elle aimait son pierrot. La petite, c'était leur union. Mais tout autre lien était distendu et douloureux.

Le pierrot et l'héléien s'entendaient bien au comptoir. Ils parlaient de tout et de rien. Et pourtant se disaient beaucoup parfois.

La mère de sa fille comme le roi Jacques lisaient beaucoup : l'héléien parlait livres et mots croisés, il leur parla des Particules Élémentaires.

Le pierrot avait deux amis. Un irlandais bridgeur (il y était brian), très sérieux et aussi très joueur. Du coup, il avait été séduit par une parigote à lunettes, généreuse à flo et rigolote. Elle avait déjà deux petits à lunettes et était venue ici pour qu'ils voient plus souvent leur père qu'elle avait abandonné.

Le second était un homme grand, fort et brun : c'était un loup apprivoisé mais taciturne, pas du tout un filou, non un philoup. Il venait rarement, trop sauvage, trop méfiant. Il vivait apparemment seul chez sa mère dans un grand domaine à la campagne.

Toujours accompagnée d'un collier à barbe, une blonde vénitienne apparut avec un profil de madone. Pas une madone douloureuse, non, mais sereine.
Sur elle, elle était très propre et on l'imaginait sécher au confessionnal, désespérant de trouver le moindre péché. Elle semblait jeune.
L'histoire n'était pas du tout ça.
Elle avait deux enfants, l'aîné avait 14 ans, et les gens demandaient à l'héléien qui pouvait bien les garder quand elle était là : il ne pouvait leur répondre, il ne s'était jamais posé ce genre de question.
Elle quittait son mariage et le collier de barbe était son poisson pilote, son chien fidèle tout pataud, si ébloui qu'il en baissait les yeux.
Ambulancier, il connaissait les mots de la vie. Mais il n'avait pas les mots, sauf ceux de la Légion où il s'était essayé très jeune. Il y avait vu du pays mais ses souvenirs de paysages étaient ceux où il avait perdu des camarades.
Sorti du co-con, il s'était retrouvé tout seul et s'était raccroché à la moindre bienveillance. ça avait d'abord été le pierrot qui avait fini par reprendre sa distance.
Peut-être y-en-avait-il eu d'autres avant de se choisir poisson-pilote de la vénitienne bourbonnaise qui était pharmacienne.
Tous les deux n'avaient pas beaucoup appris à parler, alors il s'était acheté leurs paroles au rayon prêt-à-penser en télé-achat.
Lui, il n'y tenait pas plus que ça à parler de toute façon.
Elle aurait bien voulu, elle avait envie.

Quand l'héléien se fit très provocant, l'ambulancier de la Légion se tut mais étonnamment ne le prit pas mal. C'était bien la preuve que l'héléien était tout nimbé des flamboiements de la comète Hélé.
La madone claire fut frappée, très intéressée : l'héléien était bien nimbé.

Et il se dit que lui et sa comète n'étaient pas les seuls à se débattre avec la vie.

Pas les seuls.
Juste peut-être avec un peu d'esprit.

Reste le soleil… qui s'est levé.
Fin de « pas les seuls »


à la suite,
le jour se lève


pour
ceux qui aiment les peines
des femmes et des hommes

p25l'héléïen en exil à vichy


l'héléïen en exil à vichy

Un habitant de la planète hélé s'exila un jour à vichy.

Sa planète était allée se baigner en bonne ondine et comme il ne savait pas nager, l'héléïen n'avait pu rester à tourner comme un lion en cage dans un paysage déserté.

Il alla se faire dorloter chez sa sœur à vichy, cette ville lui était très familière.

Tout lui était familier, mais il était ailleurs, il était entouré mais esseulé.

Son exil le plongeait dans un désespoir triste. Comme il ne pouvait s'en ouvrir, il trouva une combine.

Seconde après seconde, minute à minute, heure par heure, il inventa sa planète perdue, il la regarda dans le ciel bien qu'il ne la vit pas : il savait que c'était le soleil et la lune qui la lui masquaient.

Les images affluaient, les mots se bousculaient.

Il vit plein de monde et découvrit une nouvelle relation aux autres. A l'intérieur, il se sentait distant et ce pas ingénu vers eux qu'il faisait toujours instantanément avait disparu.

A peine en conçut-il de la mauvaise conscience qu'une sensation la chassa : ce pas perdu, les gens semblaient l'en remercier et aller à sa rencontre.

Il ne s'était jamais senti si bien avec lui-même.

Il était un mauvais esprit provocant, il en remettait une louche comme jamais et les autres semblaient se régaler.

Sa planète, sa distance avait dû l'embellir, son désespoir tout poli l'amenait à s'amuser.

L'expérience était toute nouvelle, il se dit qu'il lui faudrait se souvenir de cet exil à son retour sur la planète Hélé.





exil


pour
ceux qui aiment la lune
et la planète hélé

p23lune du bleu du ciel


lune du bleu du ciel



Le soleil se couche magnifiquement sur l'Allier
Vichy est tout obscur
Arrivée à Beauséjour
c'est encore le plein ciel bleu
la pleine lumière d'entre chien et loup
A demi quartier
la lune est pourtant là
dans le bleu du ciel
C'est normal
elle est entrée dans ma vie
elle ne me quitte plus
elle lit Bataille grâce à moi




lunaison

pour
ceux qui aiment

p20/21montlucomm' ou montlucon



montlucomm' ou montlucon



Deux écoliers ayant chanté un matin de 8 mai le Déserteur de Boris Vian
les autorités militaires et préfectorales se mirent en fureur
et l'académie radia à vie leur maîtresse et directrice d'école

C'était à Montlucon que cela se passa

Moi
je croyais que cette bonne ville
s'appelait Montlucomm'

Alors
j'appelle ses habitants à se rebeller

et moi
je dis

Libérez le déserteur

Libérez la maîtresse d'école

Libérez Henri Martin !






re-nom de nom

pour
le goût du flou

p19ça n'a pas de nom, et pourtant

ça n'a pas de nom, et pourtant



J'écris, c'est bien
Qu'est-ce que j'écris ?
ça n'a pas de nom

Ni poème, ni roman, ni nouvelles
ce sont juste des textes

Comme faut bien dire quelque chose
j'ai mis ballades
et je dis qu'elles forment un petit bouquin

ça ne me gênait pas tant que ça
que ça n'ait pas de nom

En fait, c'est embêtant
ça prouve que je me cache encore derrière mon petit doigt

Quand on fait quelque chose
que c'est important
ça a un nom

Je me proclame Balladin héléïste
c'est tout moi ça
et m'imagine une devise :
« quand écris, déménager dois »

Celle des éditions Borvo sera :
« comprennes que pourras »




dans la foulée
nom de nom
elle est 01 4
06 03
jan palach ? /
01 53 73 00 34
ctre cult tchèque
fati (harbuckle ?)
01 94 01 94 44
déménagements avec boris
s5
j10/v11
j17
v25
s26
l28

jean-claude

p16/17chat noir



chat noir


Un chat noir pour continuer à tirer ma pelote…

La première musique que j'aie jamais aimée fut celle d'Erik Satie. J'avais 13 ans et le plus curieux est que je ne savais pas alors qui était Roger Désormière. Rufus déambulait dans des ruines à la télé sur cette musique (Jean Roy, mon doux président, était dans le coup, c'est lui aussi qui interviewa un parapluie d'Erik). Il imitait Keaton qui déambula de même au cinéma pour Beckett. Je ne savais pas tout cela alors.
Le premier disque que je me fis offrir par ma mère fut celui avec les Gymnopédies, les Morceaux en forme de poire et les Gnossiennes (mes préférées) joués par Ciccolini.
Ma mère et Tinon, qui me servit de grand'mère et que les gens appelaient mademoiselle Désormière, taisaient toujours le passé.
Je découvris plus tard Roger Désormière, comment il fut de l'école d'Arcueil avec Erik Satie pour fétiche, comment il le porta en terre et tout le tra-là-las…
J'appris aussi que Désormière épousa Colette, la fille de l'affichiste Steinlein ; pas l'autre que j'aime tant.

L'un des derniers déménagements que j'ai fait, c'était juste en dessous de la place Pigalle.
Dans l'ancien cabaret du Chat noir de Salis, celui des affiches de Steinlein, celui où Satie alla jouer tous les soirs…
C'est de là, Hélé, que viennent les vieux jouets que je t'ai donnés.
Après 1896, c'est devenu un bordel à la Maupassant ; quand on y est ça se sent avec les lanternes, l'escalier raide, mais alors… raide, desservant les étages et le beau jardinet à l'arrière, au premier.
J'étais heureux de marner en ces lieux.
En plus, comme j'ai l'esprit de l'escalier, ça tombe bien. On est pas loin à Pigalle du vieux Boris. Ce n'est pas, certes, dans ce bordel qu'il dégota le petit chaton noir tout étroit dont il dit pour conclure en scandant : « Elle était brûlante comme l'enfer. »
En plus des jouets, j'ai récupéré du papier Papyrus bronze .
Et de très longues chaussettes de femmes, des chaussettes longues comme des bas, à raies blanches, à raies noires.

Des chaussettes de filles, des chaussettes à piano.

Voudras-tu les essayer ?




été 99
rue avide de dangers
75099 pari



faulkner
le greffier, pas l'écrivain
dit faulk, big will, little will ou le chat…

p15rouge


deux texte sur le corps du délit remisés en mon enfer

blason




pour
celle qui aime le rouge






chapeau à deux bonjours

p14pas écrivain, juste des petits bouquins, pas vain




pas écrivain, juste des petits bouquins, pas vain





Je ne me vois pas écrivain
C'est un trop horrible destin

Je découvre juste que j'aime faire des petits bouquins

En cette année inaugurale
Avec les poésies de la clinique du château de Gâchis
Avec ces ballades
J'ai trois petits bouquins en train

C'est pas mal
Ce n'est pas vain




pas vain

p13quels beaux temps, tagada tsoin…


quels beaux temps, tagada tsoin…





L'élue du clampin
Alterne avorton et tapin

Que pourrait-elle faire d'autre ?

Elle rêve de voyage
La fille à soldat au Kosovo, pourquoi pas ?
C'est une guerre si bien

Ou tailler des pipes à Jospin

Et se remettre à l'enchanteresse poudre de merlinpinpin
Celle que lui deale une infâme maquerelle, la mère Limpinpin

Pour le reste, ses talents, ses beautés, son intelligence, tintin


Entre 2 bolinos
Devant la télé allumée en vain
C'est d'une bonne eau de vie que tu as besoin
Clampin !


Atchoum

Demain, fera-t-il beau
Beau brun ?
Tout pourrait être si bien,
tsoin




la grue de mon orage a tuée une petite fille
pantin, t'as encore œuvré


pour la définition du clampin, il a fallu que je tape dans les dicos d'argot
faute de celui de lebreton, qui vient de clamser,
les clampins clamsent toujours,
voici celle du caradec (on sort pas des binious !)

moi, j'aurai mis un g à “glaoui”, comme dans "mehdi a des glaouis et sa belle est toute velue",
vieux souvenir d'enfance

en plus, je trouve ce texte couillu…


la mère Limpinpin



je suis l'un des deux ou trois clampins qui godaillent autour de toi

godailler, ça veut dire à la fois se balader et bander
je godaille doublement et en plus, je ballade !



la mère limpinpin rend artemis dingote




en vain

p12petite note


Petite note enchantée
Pourquoi me touches tu tant

C'est à cause de celle qui t'a tracée

C'est aussi parce que c'est moi qui t'ai trouvée, briquée
En fouillant je t'ai inventée

 Dans les désastres de la vie
Toi au moins
Je te sauvegarderai de ces mauvais temps


note inventée

p11tendre vendredi


tendre vendredi
ou
tortille (, fais moi du) plat


vas-y, john, file moi un coup de main

Tu as tes énigmes
Moi les miennes

Je trouve celle-ci rigolote !

Tu as le droit de te faire aider
mais n'abuse pas



énigme

p10ton amour de toi, harmonies à retrouver


ton amour de toi, harmonies à retrouver


Première pensée, presque un regret : j'aurais aimé découvrir ce poème hors de tout contexte, sans te connaître, vierge de toi. C'est là que j'aurais pu absorber toute sa substance, sans pensées parasites.

Ce que je ressens et aspire, c'est tout cet abandon languide à l'univers que peuvent atteindre certaines femmes, une expression qui ne passe pas par un combat avec la matière mais par une fusion harmonique toute en retrait. Ce que tu obtiens ici je crois.

Cela passe par une pureté infime et légère, le coup du grain de poussière qui amène le Tout dans l'infiniment petit.

Le poète a écrit que la fin du monde ne se ferait pas dans un grand tintamarre, juste dans un soupir (a whisper/whimper).

Ce que j'aime dans ce poème, c'est la qualité des soupirs, comme dans ces musiques très rares (Satie, Monk) ne semblent plus être dans les notes mais dans ces minuscules silences qui séparent les notes. Un vertige vous saisit, et s'il n'y avait que silence : non, les bienfaisantes et languides notes sont bien là.

Pour bien me faire comprendre, c'est l'exact contraire du bruit de la mer dans un coquillage.



le soupir du coquillage



marcelle meyer aux coquillages

p9 de chants lointains


de chants lointains


Tapant
lisant tes textes, ces chants lointains,
je comprends mieux certaines choses,
et certains aspects de toi.

Ainsi du plus beau de tes poèmes.
J'allais ajouter "malheureusement".

Si beau, si tranquille, il m'est comme une plaie
et je crains qu'il ne le soit pour toi.

Je me sens un peu bêta d'hier et d'avant-hier…

Oh et puis, il est très beau.
Je ne sais que ce que je n'ignore point.
Je me sens moins ignorantin qu'hier et avant-hier.
Juste une crainte : mon toucher n'est pas très savant,
je suis un gros maladroit.
Je sais qu'il est très beau et terrible à cause de sa beauté même,
ce poème.
J'aurais dû le lire avant de te parler de lune et de musique…
C'est que c'est tant toi.
C'est que c'est en toi.





lune et musique
 lointaines
pensées instantanées


p8 à une persienne





Tu laisse la lumière passer
Et tu retiens l'ombre
Je connais bien ça

J'aime le clair-obscur
Mais ce soir il me rend plein de peine
Le paradoxe est trop dur

Le bonheur de tes poèmes
Les douleurs de ta vie
Cet ineffable bonheur
Cette inextinguible douleur
Ils sont bien lourds
A chaque jour suffit sa peine
J'arrête là ma journée



pensées instantanées
pour une petite fille
qui aimait courir pieds nus
dans les rues de Téhéran

p7 Ailé


Ailé



Ailé
je suis

Je me prends pour le Négus
gugusse
du pays des hauts plateaux parisiens
le roi des rois faubourien
la bite d'acier
la plus cotée de ce côté de la rue des ormes
un machin énorme 
à mettre le feu à la butte rouge
rouge comme sera mon pouvoir
sur la porte du Pré Saint-Givré
mon domaine réservé
pour mieux vous émouvoir

à vous ma courtisane,
j'ai nommé Hélé de Trou-Badour
je ne peux la nommer, elle est de Trou-Badour
du royaume, les plus beaux contours

monté comme un âne
le roi ailé
Nicolas Haïlé
c'est de l'acier



pensées instantanées

p6 elle est


elle est

Happé
Hélé
Par ses pommes
Par ses poèmes
Je souffre mais je m'acharne
C'est un gouffre qui se décharne
Que je contemple
Un paysage tragique et triste
Sensuel et ample
Qui ne demandait qu'à verdoyer voluptueusement
S'il avait connu le bon herboriste
Mais poignante, terriblement,
La femme qui écrit se fait nature
Vivante sous la torture

Elle reste vie
Elle pleure et rit
Elle s'immole et pourtant jouit

Elle garde courage
Dans cette macabre danse
C'est à son insolence et à sa résistance
Que va mon premier hommage


moi je dis
Halte à la poudre de henné !


pensées instantanées
lune sans hale
ni henné

p5 haleine



haleine



à l'aine
à l'haine
haleine
"allen" criaient es bourbonnnais

sirène de larmes
sirènes d'alarme

sire haleine
n'est pas vaine

sire haleine
fait battre mes veines




moi je crie
allen
allen forte et chargé


pensées de 3h15 avec du
souffle

lune


lanoline
l'anorexie

l'enorgueuillie
lento vivace

linotypie
l'innommée

l'onomatopée
lono sommes cow-boys

lune
lunaison




lunaisons

p3 chroniques de la comète du ailé


chroniques
de la comète
du ailé

p2 Dédicace délicate


Dédicace délicate :
pour LN
à hélé

pour jean-claude, mon frère disparu noyé


Envoi :
c'est d'une gueuse
gosse et rêveuse
que je m'ennuie
dans ce cabaret du néant
qu'est notre vie
librement inspiré par

page titre Lune du bleu du ciel


Nicolas Guillaume



lune
du bleu
du ciel


Borvo éditions
" comprennes que pourras "

livre premier
fait à pari 99
dans le 99ème
arrondissement
du bourbonnais
en mai/juin 99
rue des ormes
75099 pari

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